Depuis 1968, la marque Mike Geric Construction est synonyme de qualité et de communauté. La compagnie a vu le jour comme constructeur de maisons individuelles à Victoria, où elle était particulièrement active dans le quartier Royal Oak et les quartiers environnants. Lorsqu’Ed Geric s’est joint à la compagnie il y a 20 ans, il a commencé à réorienter la compagnie vers la construction d’immeubles multifamiliaux et notamment de copropriétés. Pour Ed, il était essentiel de maintenir le même niveau de qualité dans ses immeubles en copropriété qui avait fait le renom de Mike Geric Construction dans le marché des maisons individuelles. Il reconnaît que l’achat d’une maison représente un investissement financier considérable et il veut s’assurer que chaque acheteur en a pour son argent lorsqu’il opte pour une propriété construite par Mike Geric Construction.
Pour lancer notre série Innovation, nous nous sommes entretenus avec Ed à propos des nouvelles initiatives environnementales de Mike Geric, la construction en bois massif et pourquoi l’innovation est si importante pour l'héritage de l’entreprise.
Q : Comment poursuivez-vous actuellement votre quête d’innovation?
EG : Une grande partie de l’innovation au sein de notre entreprise est axée sur des initiatives écologiques. Nous avons été les pionniers de quelques innovations que d’autres promoteurs ont depuis adoptées. Il y a quelques années, à Victoria, nous avons introduit le débit de réfrigérant variable (DRV). Le DRV est un système de thermopompe qui fait circuler un réfrigérant plutôt que de l’eau. C’est traditionnellement une application commerciale que nous avons adaptée aux besoins de lotissements résidentiels. C’est une option efficace pour les grands immeubles et les coûts énergétiques qui y sont associés sont nuls. Aussi, nous utilisons des panneaux solaires pour chauffer l’eau chaude sanitaire. Ainsi, elle est préchauffée avant de faire son entrée dans les réservoirs. Cette approche permet de réduire les contraintes qui pèsent habituellement sur le système. De plus, toutes nos unités d’habitation sont prêtes à accueillir des véhicules électriques (VE). Bien qu’il soit obligatoire que tout lotissement urbain soit prêt à 100 % aux VE, nous avons été encore plus loin. Dans des immeubles moins récents, les VE se branchent sur un compteur commun, ce qui rend difficile la détermination des coûts attribuables à chaque utilisateur. Nous avons mis en place des compteurs séparés dédiés aux véhicules électriques, ce qui facilite la distribution des factures mensuelles.
Q : Pourquoi le projet Tresah est-il un élément si important de votre engagement en faveur de l’innovation?
EG : Depuis nos débuts, nous construisons des charpentes en bois. Pour nos maisons individuelles, copropriétés de quatre étages et immeubles de six étages, nous utilisions du bois de construction de dimensions courantes. Mais nous étions alors limités à un maximum de six étages. Lorsque nous envisagions le projet Tresah, nous avons travaillé avec un consultant qui nous a présenté les avantages d’utiliser du bois massif. Nous avons approfondi nos recherches et avons réalisé que passer de la construction en bois de dimensions courantes à la construction en bois massif représentait une évolution naturelle pour nous, constructeurs d’immeubles à charpente en bois. Le bois massif remplace ce que vous construiriez autrement en béton. Nous utilisons donc aujourd’hui du bois stratifié croisé ainsi que du bois lamellé-collé pour nos colonnes, poutres et planchers. En utilisant du bois massif, nous pouvons aussi construire jusqu’à 12 étages en hauteur.
Q : Pourquoi avez-vous choisi d’opter pour cette technologie émergente en particulier et pour ce domaine émergent de la construction?
EG : Nous vendons à des acheteurs plus jeunes qui se préoccupent vraiment des enjeux environnementaux. L’innovation sur le plan environnemental nous aide à nous démarquer d’autres promoteurs. Il y a aussi d’autres raisons plus concrètes. Les conditions des sols à Victoria ne sont pas optimales. Si nous construisions en béton, nous aurions besoin de renforts supplémentaires. Le bois massif pèse un tiers du poids du béton et ça nous permet donc d’éviter cette exigence. Nous savons aussi que le bois résiste mieux que le béton aux séismes parce que le bois intègre une certaine flexibilité naturelle [que le béton n’a pas]. En cas d’incendie, le bois offre une protection accrue. Il est impossible de brûler à travers du bois stratifié croisé ou une colonne ou une poutre en bois massif. Par ailleurs, le bois est esthétiquement agréable. Pendant mes recherches sur le bois massif, j’ai visité Portland, où on dénombre beaucoup d’espaces de bureaux construits en bois massif. L’environnement était frais, attrayant, énergisant et confortable. Pour nous, qui comptons 50 ans d’expérience dans la construction en bois et l’utilisation de bois exposé dans nos immeubles, cette combinaison de structure et d’esthétique était vraiment séduisante. De plus, le gouvernement fédéral et les municipalités, ainsi que le Wood Council of BC, font réellement la promotion de l’industrie du bois d’œuvre en général et du bois massif en particulier. Nous avons reçu un soutien enthousiaste de la part du gouvernement provincial et des municipalités pour faire avancer ce projet.
Q : Quelle incidence espérez-vous avoir?
EG : La construction écologique, c’est la seule voie viable allant de l’avant. Pour chaque unité que vous construisez en bois massif, vous retirez définitivement de la circulation un véhicule à moteur fonctionnant au diesel ou à l’essence. La production de bois massif n’est pas émettrice de carbone, contrairement à la production de ciment, de béton et d’acier. La plupart des immeubles en bois massif sont construits hors chantier, ce qui accélère le développement et permet une construction plus propre. Un étage de 10 000 pieds carrés peut être construit en une semaine, contre quatre semaines si du béton est utilisé. Il y a donc moins de déchets, moins de pollution et moins de temps passé sur les chantiers, ce qui réduit les perturbations pour la communauté.
Q : Pourquoi l’innovation est-elle aussi importante pour l’héritage de votre entreprise que pour son évolution?
EG : Mon père, Mike Geric, a fondé cette entreprise il y a plus de 50 ans. Pour lui, ça n’a jamais été un travail. C’était un mode de vie. Il est mort en août dernier. Même à l’âge de 80, il venait voir les immeubles avec moi et me donnait son avis. Il était un chef de file dans l’industrie et l’a façonnée dans une large mesure. Cette année, il reçoit le prix honorifique CARE (Construction Awards in Real Estate Excellence). Tout au long de ses cinq décennies en construction, il s’est tenu aux mêmes principes : travailler fort, donner la priorité aux clients, construire chaque maison comme si vous alliez y vivre vous-même et ne jamais déroger à vos normes de qualité. Ce sont les valeurs qu’il m’a inculquées, et j’essaie de les inculquer à mon équipe à mon tour tous les jours. Pour mon père, livrer un bon produit, c’est ce qui comptait avant tout. C’est pourquoi il s’en est tenu à la construction en bois et a mis l’accent sur le savoir-faire. Son inspiration est ce qui nous motive à continuer de trouver des façons d’innover. Les nouvelles générations ont des idées différentes de ce à quoi devraient ressembler les maisons et des technologies qui sont à préconiser. Nous avons toujours suivi ces tendances, faisant œuvre de pionniers en matière, par exemple, d’insonorisation, de service à la clientèle et de réalisation de nos propres projets comme entrepreneurs généraux. L’innovation est une autre façon de livrer de la qualité, et c’est quelque chose auquel mon père accordait de la valeur. Je vais continuer à faire de même grâce à son exemple.
Q : Comment First National a-t-il soutenu votre vision de l’innovation dans le cadre de ce projet?
EG : Lorsque j’ai dit à Michael Yeung, le vice-président régional responsable de Colombie-Britannique, et à Paul Steckler, notre prêteur, que j’allais construire un immeuble à charpente en bois massif, ils se sont montrés un peu craintifs. Mais ils ont fait preuve d’ouverture d’esprit en contrepartie. Nous avons donc passé du temps avec des consultants et fait beaucoup de recherche et de formation. Une fois qu’ils ont saisi ce que nous voulions réaliser, ils se sont rangés pleinement derrière nous. Et indépendamment de nous, ils se sont plongés dans l’apprentissage pour mettre leurs connaissances à niveau.
Q : Que réserve l’avenir à Mike Geric Construction?
EG : Je veux construire un autre immeuble en bois massif dans la région de Saanich. Mais je veux d’abord terminer le projet Tresah et appliquer les leçons apprises au prochain projet. Nous poursuivons notre croissance. Nous croyons en Victoria. Et, personnellement, je pense que Victoria n’a pas encore connu son boom immobilier. En raison de la COVID, nous observons un afflux plus important de personnes en provenance de Vancouver, mais Victoria demeure relativement peu découverte. Nous voulons donc nous développer à mesure que Victoria grandit et façonne le paysage de l’île.