Jason Ellis est notre directeur général, Marchés de capitaux. Son travail quotidien ont donc une incidence directe sur le rendement et la compétitivité de First National. Dans le cadre de cette entrevue, nous demandons à Jason d’élaborer à propos de ses responsabilités.
Commençons par votre rôle. Quelles sont vos responsabilités?
Le groupe Marchés de capitaux gère les risques liés aux taux d’intérêt, le financement et la titrisation de tous les prêts hypothécaires commerciaux et résidentiels qu’émet First National.
Vous êtes titulaire d’un MBA et du titre d’analyste financier agréé, mais comment avez-vous abouti dans ce domaine?
En fait, un peu par hasard. Pendant que je terminais mon MBA, j’ai posé ma candidature à RBC Dominion valeurs mobilières pour effectuer un stage d’été. On m’a embauché et je me suis retrouvé sur le parquet des titres à revenu fixe. J’ai été chanceux. Aujourd’hui, dénicher un tel emploi d’été serait l’équivalent de gagner à la loterie. J’avais une connaissance fonctionnelle des chiffriers Lotus 123. C’était nouveau à l’époque et ce fut suffisant pour que mon emploi d’été se transforme en poste à temps plein. J’ai passé sept ans à négocier des titres à revenu fixe pour RBC DVM à Toronto et à New York. En 2001, je suis passé à l’emploi de la Financière Manuvie, où j’ai travaillé au sein du groupe Gestion d’actifs et de passifs. J’ai beaucoup appris dans le cadre de ces deux postes, mais, fort de cette expérience, je suis arrivé à la conclusion que je préférais de loin travailler dans un environnement de courtage, où les choses bougeaient constamment et le travail était orienté sur les transactions.
Comment avez-vous abouti à First National?
En 2004, j’ai reçu l’appel d’un chasseur de têtes qui m’a décrit First National comme une petite entreprise entrepreneuriale en croissance qui était engagée dans le secteur des prêts hypothécaires. Je ne connaissais rien sur la titrisation ou l’industrie des courtiers hypothécaires, mais mon coffre contenant les outils financiers de base dont j’aurais besoin et je cherchais alors à donner une nouvelle direction à ma carrière. Entre autres, ça m’a permis de retourner à la négociation et de rétablir des liens avec mes amis dans les marchés de capitaux. Heureusement, mes entrevues avec Stephen Smith se sont bien déroulées et me voici… 13 ans plus tard.
Dans quelle mesure la société a-t-elle évolué?
À mon arrivée, nous comptions moins de 150 employés et nous émettions une petite fraction du nombre de prêts que nous émettons aujourd’hui. Nos prêts hypothécaires administrés venaient de franchir le cap des 5 milliards de dollars. Donc, nous étions plus petits, mais notre culture de base est restée la même. Nous demeurons animés par le même esprit entrepreneurial. Plusieurs des personnes qui étaient ici à mon arrivée sont encore parmi nous, ce qui assure la continuité de cette culture qu’est la nôtre.
Comment la société a-t-elle évolué depuis votre arrivée?
L’étendue et la complexité des activités ont beaucoup changé. First National a lancé son premier appel public à l’épargne alors qu’elle était une fiducie de revenu. Elle est plus tard devenue une société de capitaux, émettrice de titres de créance et d’actions privilégiées, puis une société émettrice de TH LNH. À l’instar d’autres acteurs de l’industrie, nous nous sommes également adaptés aux vastes modifications réglementaires et comptables adoptées au cours des dernières années. Par nécessité, les politiques et les procédures sont aujourd’hui beaucoup mieux encadrées. Cependant, nous ne rédigeons pas de nouvelles politiques simplement pour la forme. Ces politiques servent une fin bien définie et contribuent à la croissance et la maturité de notre entreprise. Peu d’énergie se gaspille au sein de First National.
Comment vos responsabilités ont-elles évolué?
À mes débuts en 2004, nous émettions pour environ 3 milliards de dollars en prêts par année. Aujourd’hui, la valeur de nos émissions dépasse les 15 milliards par année, sans compter plusieurs milliards de plus en renouvellements. Cette croissance nous a obligés d’étendre nos stratégies de financement et de multiplier nos entités de titrisation. À l’époque, nous travaillions principalement avec des investisseurs qui prenaient charge des engagements hypothécaires dès l’émission des prêts. Nous gérions relativement peu de risques liés aux taux d’intérêt ou au crédit. Aujourd’hui, parce que nous avons un recours poussé à la titrisation, il y a beaucoup plus à gérer. La nature du travail évolue chaque année et ça fait que le travail demeure intéressant.
N’est-il pas difficile de gérer ce risque lorsque les taux augmentent ou baissent?
Oui. Gérer des engagements hypothécaires résidentiels figure parmi les opérations de couverture les plus complexes de tous les titres à revenu fixe. Les engagements hypothécaires sont asymétriques. Si les taux augmentent pendant la période d’engagement, le taux hypothécaire promis, lui, ne varie pas; cependant, si les taux baissent, le taux consenti au contrat hypothécaire peut aussi baisser. La plupart des stratégies de couverture, comme la vente à découvert d’obligations, sont symétriques. Les taux augmentent, les cours baissent. Les taux baissent, les cours augmentent. Il existe des stratégies de couverture symétriques comme les options sur swaps, mais elles sont coûteuses et peu liquides. Ajoutant à la complexité, le prêteur est obligé d’avancer des fonds peu importe les circonstances, mais l’emprunteur n’a aucune obligation de toucher les fonds avancés. La position de couverture doit donc être prise en compte dans l’hypothèse du taux de contrats conclus. Même si un prêteur ne se trompe pas en ce qui concerne la couverture du taux d’intérêt de base, il demeure néanmoins exposé aux écarts de crédit. Cela fut particulièrement manifeste durant la crise des liquidités. Donc, oui, ça peut être difficile, mais c’est bon pour la sécurité d’emploi. À ceux qui me posent la question, je leur réponds que mon travail est excessivement difficile.
Prenez-vous des risques dans la gestion des taux d’intérêt ou cherchez-vous à atténuer les risques?
Notre travail consiste à réduire les risques, pas à les multiplier. Cependant, les couvertures ne sont pas parfaites. Nous demeurons exposés à des risques résiduels entre les prêts hypothécaires et les instruments de couverture. C’est ce qu’on appelle parfois le « risque de base ». Cependant, nous réussissons certainement à réduire le profil de risque de la société.
Les actionnaires se demandent souvent quelle incidence a une hausse ou une baisse de taux sur le rendement de First National.
Si nous faisons bien notre travail, ni une hausse ni une baisse de taux ne devrait avoir une incidence considérable sur le rendement. Un des principaux impacts d’une hausse ou d’une baisse de taux touche le calendrier de nos flux de trésorerie. Vous le constaterez dans nos résultats trimestriels, plus précisément dans nos gains et pertes sur opérations de couverture. Lorsque les taux d’intérêt baissent, nous constituons aujourd’hui des pertes de couverture en échange de marges nettes d’intérêt plus élevées pendant la durée de l’hypothèque. À l’opposé, lorsque les taux augmentent, nous constituons des gains de couverture pour la période en cours en échange de marges nettes d’intérêt plus faibles. En l’absence de tout contexte, ces gains et pertes sur opérations de couverture peuvent causer de l’instabilité dans notre revenu net et semer la confusion. Pour corriger cela, First National fournit une mesure de rendement financier supplémentaire, le BAIIA avant juste valeur marchande. Cette mesure n’est pas définie dans les Normes internationales d’information financière, mais elle nous aide à évaluer notre rendement sous-jacent, car la mesure rajuste le revenu en éliminant l’impact des gains et pertes sur opérations de couverture. Le rapport de gestion dans notre rapport annuel est une ressource fort utile. J’encourage tout le monde à le lire pour mieux comprendre la nature des activités de First National.
Le groupe Marchés de capitaux joue-t-il un rôle dans la compétitivité de First National aux yeux d’emprunteurs potentiels?
Oui, tellement. Notre travail vise à combler l’écart entre les besoins de nos clients, l’environnement concurrentiel et nos diverses stratégies de financement. Notre groupe travaille en collaboration avec l’équipe responsable des émissions de même que des investisseurs afin de proposer à nos emprunteurs les termes, les produits et les taux les plus avantageux.
L’attrait qu’exerce les investissements sur les marchés de capitaux et vraisemblablement vos partenaires financiers change tout le temps. Est-ce difficile à gérer?
Que le changement se manifeste à notre bout ou au leur, à la suite de nouvelles exigences ou règles en matière de capitaux ou encore de changements structurels apportés aux entités de titrisation, une des forces de First National a toujours été de trouver des solutions. Par l’innovation, nous avons réussi à attirer de nouveaux partenaires financiers au fil de nombreux cycles du marché et, surtout, à retenir ceux que nous avions déjà. Trouver des solutions et maintenir diverses sources de financement sont d’importants volets de ce que nous faisons quotidiennement et ça nous permet de maintenir notre avantage concurrentiel auprès des emprunteurs et des investisseurs.
Lorsqu’on travaille dans les marchés de capitaux et avec d’autres grandes institutions, on développe des perspectives uniques sur l’économie, le marché immobilier ainsi que les marchés hypothécaires. Partagez-vous vos perspectives?
En fait, une des choses que j’apprécie particulièrement est de parler avec des emprunteurs commerciaux et des courtiers hypothécaires résidentiels. J’essaie de leur expliquer nos activités et je leur partage ce que nous observons dans les tendances du marché. J’accorde de l’importance à un tel dialogue et ça me fait plaisir de partager ce que je connais. Malheureusement, ce que je ne sais pas est la réponse à la question qui m’est posée le plus souvent. Dans quelle direction se dirigent les taux hypothécaires? Malheureusement, je n’ai pas de boule de cristal.
C’est également vous qui signez les billets du gars de la trésorerie sur notre site Web.
C’est vrai, mais je ne suis ni économiste ni écrivain pour autant. J’essaie de me limiter aux faits et de rédiger mes textes en termes simples pour qu’ils soient faciles à comprendre par les personnes pressées ou celles à la recherche de brides d’information. Sans oublier celles qui aiment rire.
Bon, voici ma dernière question. De tout ce qui se passe aujourd’hui dans les marchés de capitaux, le marché immobilier et les marchés hypothécaires, quel est l’élément le plus important pour les emprunteurs et les courtiers hypothécaires?
Les choses évoluent à un rythme fou, mais gérer les changements est une des spécialités de First National. La croissance exponentielle que nous avons connue n’a pas atténué notre esprit entrepreneurial. Cependant, ça nous a conféré une riche expérience et des outils financiers pour continuer de servir nos emprunteurs et nos courtiers partenaires.