Bonjour!
Bonne lecture de ce commentaire de la semaine du gars de la trésorerie. J’allais passer mon tour cette semaine, mais la volatilité ayant marqué les marchés la semaine dernière a retenu mon attention. Ça et le fait que le service du marketing a menacé d’arrêter de me faire parvenir des gâteries de temps à autre si je n’écrivais rien.
À côté…
Ce matin dans le métro, j’ai offert mon siège à une autre passagère. Au lieu de me remercier, elle m’a traité de tous les noms, notamment de misogyne. « Je ne suis pas misogyne, lui rétorquais-je. Je suis misanthrope. Je hais tout le monde sur un pied d’égalité. » (Crédit à David Sedaris pour cette tournure de phrase astucieuse.) Pour que ce soit clair, j’ai gardé mon siège et j’étais très fier de moi, mais plus misanthrope que jamais.
Données économiques du jour
L’inflation selon l’IPC a augmenté de 0,1 % en mai par rapport à avril alors que tout le monde s’attendait à 0,2 %. L’inflation sur douze mois est passée de 1,6 % à 1,3 %. En raison de l’écart par rapport à l’inflation globale et l’indice de référence, le marché risque de revoir ses attentes d’une hausse de taux en juillet, mais tout reste au beau fixe en ce qui concerne les attentes pour octobre.
Les cours obligataires sont en hausse (rendements à la baisse) de 2-3 points de base depuis la publication des données sur l’IPC.
Taux
Les rendements des obligations du gouvernement du Canada sont quelque 20 points de base plus élevés qu’il y a deux vendredis. Les données sur l’IPC risquent toutefois de tempérer un peu cet écart.
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Aujourd’hui
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Il y a 1 semaine
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Il y a 2 semaines
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Il y a 4 semaines
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GdC 5ans
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1,13
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1,14
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0,95
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0,96
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GdC 10ans
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1,47
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1,52
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1,42
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1,44
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L’emballement a commencé lundi de la semaine dernière lorsque la première sous-gouverneure de la Banque du Canada, Carolyn Wilkins, a affirmé à un auditoire venu l’écouter à Winnipeg que la banque centrale observait des signes de croissance générale dans toutes les régions et tous les secteurs. C’est un bon exemple d’une banquière centrale adoptant un ton « ferme » et le marché a réagi comme on pouvait s’y attendre. Les taux obligataires canadiens ont bondi et le cours du huard a augmenté à plus de 75 cents É.-U. pour la première fois depuis avril. Ces variations sont signes d’un marché qui devance l’échéancier prévu pour un décret par la BdC de hausses de taux.
Maintenant, en toute honnêteté, une banque centrale « ferme » se préoccupe généralement d’inflation. Cependant, malgré une croissance économique annualisée moyenne de 3,5 % au cours des trois derniers trimestres, l’inflation demeure bien en-deçà de la cible de 2,0 % fixée par la banque. Mme Wilkins a cependant qualifié les données sur l’inflation de « transitoires ». J’imagine que sa fonction lui permet de le faire. En passant, la conjointe du gars de la trésorerie est insatisfaisante de mes efforts autour de la maison depuis récemment. J’ai tenté de balayer ses préoccupations du revers de la main en qualifiant ma mauvaise attitude de « transitoire », mais ça n’a pas eu l’effet souhaité. Il faut croire que ça ne fonctionne que pour les banquiers centraux.
Peu importe, il y a quelques facteurs qui mettent en péril la promesse d’une croissance économique soutenue. Une autre baisse du prix du pétrole (qui atteint actuellement son plus bas niveau en neuf mois) et l’incertitude entourant les politiques commerciales, fiscales et réglementaires de Trump pourraient freiner l’économie. Ça ou le spectre d’une destitution, selon la première éventualité…
Aussi, nous ne pouvons pas faire fi du rôle que l’habitation pourrait jouer dans le processus décisionnel de la banque centrale. Comme les médias l’ont très clairement laissé entendre, il y a eu beaucoup de tordage de bras et de serrage de dents à propos du marché de l’habitation, particulièrement à Toronto et à Vancouver. La BdC a qualifié l’habitation et l’endettement des consommateurs de risques pour la stabilité du système financier canadien.
Malgré ces inquiétudes surplombant le marché, dans son discours, Mme Wilkins a clairement laissé entendre que la Banque risque de repenser sa politique monétaire. Maintenant que le choc pétrolier est probablement derrière nous, Mme Wilkins a soulevé la question à savoir « si la détente monétaire considérable actuellement en place est toujours entièrement nécessaire ».
Des taux d’intérêt plus élevés auraient très certainement un effet de refroidissement désiré sur le marché de l’habitation et l’endettement des consommateurs. Cependant, jusqu’à tout récemment, la faiblesse de l’économie dans son ensemble a gardé la Banque à l’écart. Le lendemain, le gouverneur de la BdC, Stephen Poloz, a fait écho au discours ferme de Mme Wilkins en reconnaissantt que des risques liés à la croissance économique et à l’habitation tirent maintenant la politique dans la même direction.
AU NET…
Le fait que la Banque a choisi d’adopter ce ton « ferme » laisse entendre qu’elle souhaite que le marché commence à envisager très sérieusement des hausses de taux. La probabilité implicite du décret d’une hausse de 25 points de base lors de la réunion du 12 juillet est passée de moins de 5 % au début de juin à près de 60 % en date d’hier. Cette probabilité sera revue à la baisse aujourd’hui en raison des données publiées sur l’IPC, mais la probabilité demeure…
Mise à jour sur Hope Capital
Je suis sûr que vous avez appris la plus récente nouvelle. Warren Buffett se porte à la rescousse de Home Capital. En quelque sorte… L’appui donné par cette légende des placements axés sur la valeur devrait contribuer à raffermir la confiance vouée à cette firme, mais le prix à payer est élevé. Le volet de la transaction portant sur les capitaux propres aura un effet dilutif considérable sur les actionnaires existants et les modalités assorties à la marge de crédit de 2 milliards de dollars ne sont que marginalement plus avantageuses que celles proposées par HOOPP en avril. Néanmoins, la confiance, ça n’a pas de prix. Mais tout a un prix, non? Le cours de l’action a gagné 27 % pour s’établir à 19 $ à la suite de l’annonce de la nouvelle et se trouve maintenant en hausse de 325 % par rapport à son creux de 5,85 $ enregistré le 5 mai. (Nota : À l’ouverture des marchés boursiers ce matin, l’action de HCG avait gagné 1,75 $ de plus et se transigeait à 20,75 $.)
Obligations hypothécaires du Canada
En matière de nouvelles plus concrètes, la Fiducie du Canada pour l’habitation (FCH) a procédé à son émission trimestrielle régulière d’obligations hypothécaires du Canada (OHC) la semaine dernière. L’accès au financement offert par le programme des OHC est limité par des allocations maximales aux vendeurs participants en vertu de la Loi nationale sur l’habitation. Cependant, les allocations associées à la transaction de juin étaient à leur niveau le plus élevé depuis septembre 2014. L’émission de 5,25 milliards de dollars était légèrement plus élevée que l’émission habituelle de 5,0 milliards et la participation des vendeurs en vertu de la Loi sur l’habitation continue d’être entravée par l’impact des récents changements apportés aux règles d’admissibilité à l’assurance hypothécaire ainsi que par le coût élevé de l’assurance hypothécaire. Au net, il y a plus d’argent pour le gars de la trésorerie. C’est le temps d’en profiter!
L’émission d’OHC comme telle a été bien accueillie, l’écart des prix s’étant resserré de 2,5 points de base par rapport à l’émission initiale en mars. En fait, les écarts de rendement des OHC se sont resserrés de 2 à 2,5 points de base de plus cette semaine grâce à des achats continus et supérieurs aux achats d’obligations provinciales. (Nota : L’écart entre les OHC et les obligations provinciales ont toujours été serrés, faisant en sorte que les OHC soient perçus comme relativement « bon marché » depuis récemment.) La prochaine émission d’OHC de 5 ans est prévue en septembre; elle sera assortie d’une nouvelle date d’échéance en décembre 2022.
Conclusion
Enfin, mercredi marquait le solstice d’été. À l’échelle planétaire, l’interprétation de ce moment de l’année varie selon les cultures, chaque culture célébrant l’événement par différents festivals et différents rituels. Le gars de la trésorerie ne souscrit qu’à un rituel lié au solstice : une terrasse et de la bière froide à profusion.
Santé!
Le gars de la trésorerie
Jason Ellis, Directeur général, Marchés financiers