Bon retour, adeptes d’hypothèques!
Eh oui, il faut bien reprendre le travail. Les fêtes de fin d’année semblent déjà loin, loin derrière nous. Hélas, le moment est venu de revenir à la Banque du Canada, au bitcoin, aux écarts de crédit et au Dîner Kraft…, sans oublier à l’allitération.
Notre histoire commence il y a une semaine. Tout était paisible en ce vendredi 5 janvier jusqu’à ce que le taux de chômage au Canada chute à 5,7 % – son taux le plus bas depuis plus de 40 ans. Un total de 78 600 nouveaux emplois ont été créés (alors qu’on s’attendait à 2 000), ce qui est indicateur d’un marché du travail qui roule presque à pleine vapeur. De telles données pourraient inciter la Banque du Canada à agir. En fait, la probabilité implicite du décret d’une hausse de taux le 17 janvier est rapidement passée de 41 % à 80 % en réaction à la nouvelle. La probabilité implicite repose sur les transactions de swaps indexés sur le taux à un jour. Un tel swap est instrument dérivé en vertu duquel deux parties échangent, pour une période convenue, un taux d’intérêt fixe pour un taux variable à un jour. Ces swaps donnent une excellente mesure de ce à quoi le marché s’attend en matière de futurs changements de politiques de la Banque.
Les données d’emploi ont eu un effet prévisible sur les rendements obligataires. Les obligations de 5 ans se sont vendues rapidement et ont terminé la journée à 1,97 %, en hausse d’environ 7 points de base. (Quand les cours diminuent, les rendements augmentent – mais vous le savez déjà.)
L’optimisme économique s’est prolongée lundi avec l’Enquête sur les perspectives des entreprises canadiennes. Les grands titres de la BdC faisaient état d’une intensification de la pression salariale et d’une pression sur la capacité de production à son niveau le plus élevé depuis la récession. Ce sont des nouvelles agressives. Ce n’est pas comme si la BdC avait besoin de beaucoup plus d’incitatifs, mais cette enquête a contribué à la probabilité d’une hausse de taux mercredi prochain. En effet, la probabilité est passée de 80 % à 92 %, et le rendement des obligations de 5 ans a gagné 5 points de base de plus, franchissant la barre des 2,00 % pour la première fois depuis septembre 2013.
Mais la volatilité (et le plaisir!) ne s’est pas arrêtée là. Mercredi, les grands titres concernant l’ALENA laissaient entendre que le Canada est de plus en plus convaincu que le président Trump annoncera sous peu que les États-Unis se retirent de l’accord commercial. Les obligations ont fortement rebondi (cours en hausse) en réaction à la nouvelle, tandis que le rendement des obligations de 5 ans a baissé de 2,03 % à 1,95 %. L’absence de l’ALENA pourrait nuire à la croissance économique et freiner les plans de la Banque du Canada. En réaction, la probabilité d’une hausse de taux est redescendu à 70 %. Peu après, cependant, un représentant de la Maison-Blanche a affirmé que la position de Trump dans le dossier de l’ALENA n’avait pas changé et tout est reparti à la hausse. Ce matin, la probabilité implicite d’une hausse décrétée par la BdC était de 86 %. Quelle montagne russe!
En résumé
Donc, vous ne regagnerez jamais ces quelques minutes de votre vie, mais pour faire une histoire courte, voici où nous en sommes en ce moment :
Le rendement des obligations de 5 ans s’établit à 1,98 %. Celui des obligations de 10 ans est de 2,17 %. Ces rendements sont en hausse de 17 et de 21 points de base respectivement par rapport à Noël et le marché se prépare à ce que la BdC décrète une hausse de taux de 25 points de base la semaine prochaine.
Parlant de Trump…
Citation [traduite] de Trump : « Pourquoi voulons-nous accueillir des Haïtiens ici? Pourquoi voulons-nous accueillir tous ces Africains ici? Pourquoi voulons-nous accueillir toutes ces personnes provenant de pays de merde? » Sérieux. C’est ce qu’il a dit.
Sans surprise, ce genre de commentaire a ranimé les discussions sur le 25e amendement, en vertu duquel les membres du cabinet du président peuvent le destituer.
Trump a répondu à la menace par le gazouillis suivant :
« […] mes deux plus grands atouts ont toujours été ma stabilité psychologique et ma grande intelligence. J’ai connu du succès en affaires et à la télé, et j’ai accédé à la présidence dès ma première tentative. Je pense donc que je me qualifie de génie et même de génie très stable! »
Mais il a omis de mentionner qu’il était vraiment, vraiment, vraiment beau bonhomme également.
Marché du crédit et nouvelles émissions
Tout va bien. Très bien même. Comme l’affirme souvent un commentateur de renom de la TD, « lorsque les canards font coin-coin, donnez-leur à manger ». Des investisseurs sont friands de nouvelles émissions et les quelques émissions lancées cette semaine en témoignent. Hier, John Deere a procédé à une émission de 300 millions de dollars de billets de 5 ans cotés A à GdC+70. Je sais fort bien qu’il n’y a pas vraiment de lien pertinent entre les tracteurs et les hypothèques, mais il faut savoir que l’émission a été sursouscrite par 7 fois et que le prix se rapprochait de celui des certificats de dépôt des grandes banques. C’est fou! Plus tôt cette semaine, la Banque Manuvie a émis pour 500 millions de dollars de billets de 5 ans à GdC+84. Sursouscription de 7 fois encore une fois et resserrement instantané de 4-5 points de base dans le marché secondaire. Enfin, dans le cadre d’une transaction qui avait quelque chose à voir avec l’immobilier, Choice Properties REIT est arrivée sur le marché avec une offre de type « aubaine de l’année ». Au total, 650 millions de dollars de billets cotés BBB ont été émis à des termes de 4,2 et de 7,0 ans à GdC+103 et GdC+140 respectivement. La demande massive s’explique par le fait que chaque commande donnait droit à des boîtes de mini-quiches, de bouchées au fromage jalapeño et d’hors-d’œuvre en croûte Choix du Président.
Mot de la fin
Je dois m’arrêter ici. Ce commentaire est plus long que vous l’auriez souhaité et je dois vaquer à autre chose. Je dois me rendre à Tosche Station pour me procurer des convertisseurs de puissance et m’assurer que ces unités soient réparées d’ici le milieu de la journée, sans quoi ça va aller mal. Sérieusement, mon travail est loin de se limiter à la négociation obligataire.
Longue vie et prospérité. Que la force soit avec vous. Vous comprenez le message. Sinon, bien, c’est vendredi. Payez-vous la traite.
Salutations!
Le gars de la trésorerie