L’Economic Club of Canada est la plateforme la plus respectée au pays en matière de dialogue non partisan entre les dirigeants éclairés les plus éminents de la planète. Son événement phare est son petit-déjeuner annuel consacré aux perspectives. Cette année, quatre des principaux économistes en chef du pays ont répondu à une série de questions, partageant ainsi leurs prévisions pour 2023. First National y a assisté et partage avec vous les faits saillants de cet événement.
L’économie canadienne se dirige-t-elle vers un atterrissage en douceur ou plutôt vers une récession en bonne et due forme en 2023? Il semble que ce soit un ralentissement induit par la politique monétaire qui nous attend et nous pourrions peut-être vivre un atterrissage en douceur, si l’inflation est maîtrisée sans effets dévastateurs sur l’économie. Bien qu’économistes et décideurs politiques aient assez systématiquement sous-estimé la résilience de l’économie canadienne au cours des trois dernières années, l’expression « ne pariez jamais contre la Fed » reste valable. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, chaque fois que la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada ont relevé les taux comme elles l’ont fait au cours de la dernière année, l’année suivante a été marquée par un ralentissement économique.
La Banque du Canada est-elle sur le point de suspendre sa politique de relèvement des taux d’intérêt? Malgré la possibilité d’une autre hausse de 0,25 point de base le 25 janvier, la Banque semble laisser entendre qu’elle est à l’aise avec les mesures prises jusqu’à présent et qu’elle est consciente que les récentes hausses de taux créent des défis pour les Canadiens. Elle pourrait donc faire une pause de quelques mois après janvier et réévaluer si de nouvelles mesures sont nécessaires sur la base des rapports d’inflation.
Y a-t-il un risque que la Banque du Canada soit allée trop loin et trop vite pour maîtriser l’inflation? Oui, et il est possible que les récentes hausses du taux directeur donnent encore plus de fil à retordre. Il y a aussi d’anciennes tendances économiques favorables qui sont depuis devenues des turbulences à long terme. Le libre-échange a cédé sa place à des mesures de rapatriement de la production/fabrication et au protectionnisme, ce qui nuit à la nation exportatrice qu’est le Canada. Le carbone ne coûtait rien jadis, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Le marché du logement s’est effondré parce qu’il s’agit d’un marché économique qui est sensible aux taux d’intérêt. Les turbulences sont trop nombreuses pour totalement éviter une récession, quelle qu’en soit la forme.
Quand l’inflation finira-t-elle par ralentir? D’ici la fin de 2023, l’inflation au Canada se situera quelque part entre 1 % et 3 % et l’inflation fondamentale s’établira à 3 %. De récentes moyennes mobiles de l’inflation sur trois mois semblent pointer dans la bonne direction, et ce, tant au Canada qu’aux États-Unis. L’inflation des prix des aliments et de l’énergie, en particulier, a diminué. Toutefois, il existe un risque que l’inflation s’établisse à 5 %, ce qui nécessiterait des mesures additionnelles de la part de la Banque du Canada.
L’économie canadienne perdra-t-elle des emplois cette année après un mois de création d’emplois aussi fort qu’a été décembre 2022? L’emploi est un indicateur tardif de la santé économique; il en demeure que la création de 100 000 emplois en décembre est un signe positif. Allan de l’avant, il est probable qu’il y ait des pertes d’emplois totalisant jusqu’à 100 000 de bout en bout du Canada. Cependant, pour mettre ce chiffre en contexte, il s’est perdu 300 000 emplois lors de nombre de récessions passées. Certains secteurs ont enregistré une importante croissance de l’emploi au cours des deux dernières années. C’est le cas notamment des secteurs de la technologie, des services financiers et de l’administration publique. Toutefois, d’autres secteurs ne disposent pas de capacités inutilisées, faisant en sorte qu’ils puissent être protégés de futures suppressions d’emplois. Par exemple, le secteur manufacturier, qui emploie normalement deux millions de Canadiens, supprime 300 000 emplois en cas de récession. Toutefois, ce secteur n’emploie aujourd’hui que 1,7 million de personnes. Il est donc peu probable que d’éventuelles pertes d’emplois atteignent le niveau traditionnel de 300 000.
Sommes-nous ou étions-nous dans une bulle immobilière? Cela dépend de l’endroit où vous vous trouvez au Canada, car il existe des différences extrêmes entre les provinces des Prairies (aucune bulle) et le sud-ouest de l’Ontario (où il y a bulle). Au cours des deux premières années de la pandémie, les prix des maisons au Canada ont augmenté de 50 %. Aujourd’hui, selon l’emplacement géographique, ils ont diminué de 20 % à 25 % par rapport au sommet. Le résultat net est que les prix des logements sont toujours plus élevés qu’avant la pandémie.
Le logement deviendra-t-il abordable au cours des deux prochaines années? C’est très improbable. Il est plus probable que le marché du logement devienne moins abordable, du moins à court terme, même si une nouvelle offre est mise en place à un niveau sans précédent. Cette offre ne suffira néanmoins pas à répondre à la nouvelle demande stimulée par l’immigration et par le fait qu’un grand nombre des 10 millions de millénariaux du Canada commencent à acheter leur première maison.
Le BSIF modifiera-t-il ou resserrera-t-il les règles d’admissibilité hypothécaire cette année? L’organisme de réglementation a ouvert des consultations publiques sur sa ligne directrice B-20 (Pratiques et procédures de souscription de prêts hypothécaires résidentiels), avec l’intention de les conclure d’ici le 14 avril 2023. Il est donc peu probable qu’il y apporte des modifications tant qu’il n’aura pas observé l’activité sur le marché du logement au printemps. Puisque la raison d’être du BSIF est de gérer le risque, et non de rendre le logement plus abordable, toute modification – le cas échéant – aurait tendance à tenir compte de sa perception du risque relatif dans le système. Jusqu’à présent, les Canadiens ont très bien géré les chocs des taux d’intérêt et, par conséquent, les prêteurs hypothécaires ont constaté une stabilité remarquable du rendement des portefeuilles de prêts.
Comment les perspectives économiques pour le Canada se comparent-elles à celles pour les États-Unis? Les États-Unis ont le potentiel d’une plus grande résilience parce que les consommateurs américains ont traversé un cycle de désendettement après la crise financière alors que les Canadiens se sont endettés. Cette différence se manifeste dans la part du revenu qui est consacrée au service de la dette au Canada par rapport à celle du côté des États-Unis. Aux États-Unis, le service de la dette à la consommation est à des niveaux historiquement bas, tandis qu’il est sur le point d’atteindre des sommets historiques au Canada. En outre, les entreprises américaines n’ont pas procédé à des embauches de manière aussi agressive que les entreprises canadiennes, ce qui signifie que moins de secteurs d’activité peuvent être à risque. Cependant, le Canada affiche un taux d’épargne personnel plus élevé, et nos situations fiscales dans les provinces et à l’échelle fédérale sont meilleures que celles des États-Unis.
Peut-on s’attendre à une remontée du dollar canadien? La faiblesse récente du dollar canadien s’explique en grande partie par la force relative du dollar américain, mais notre monnaie a également été freinée par les prix des produits de base. Il est possible que le dollar américain s’affaiblisse plus tard cette année, ce qui profiterait à notre devise. Toutefois, vu l’état actuel de a situation, le dollar canadien se négocie près de sa juste valeur.
Quelle que soit l’évolution de l’économie en 2023, vous pourrez compter sur First National pour répondre à vos besoins. N’hésitez pas à communiquer avec nous si nous pouvons vous aider.