Maintenant que la Banque du Canada s’est clairement engagée dans la voie de baisser les taux d’intérêt, le mot « divergence » revient périodiquement dans les discussions économiques.
Qu’est-ce que la « divergence »?
En l’espèce, la divergence renvoie à la différence entre le taux de référence à un jour de la Banque du Canada et le taux directeur fixé par la Réserve fédérale américaine. Cette différence a presque toujours un effet sur la valeur du dollar canadien par rapport au dollar américain. Nombre d’analystes sont d’avis que c’est ce qui pourrait limiter l’ampleur et la rapidité avec lesquelles la BdC baisse les taux allant de l’avant.
À l’heure actuelle
Le taux directeur au Canada s’établit actuellement à 4,75 %, après une baisse d’un quart de point, le 5 juin dernier, qui était attendue depuis longtemps. Aux États-Unis, cependant, lors de sa réunion du 12 juin, la Fed a maintenu son taux d’intérêt inchangé, dans une fourchette de 5,25 % à 5,5 %.
Au Canada, le niveau élevé des taux d’intérêt est eu pour effets de ralentir l’économie et de ramener l’inflation à l’intérieur de la fourchette cible de 1,0 % à 3,0 % fixée par la Banque du Canada. En revanche, aux États-Unis, l’économie reste forte et l’inflation demeure élevée, à 3,27 %.
Lors de sa réunion du 12 juin, la Fed a indiqué qu’elle ne prévoyait plus qu’une seule baisse de taux cette année, alors qu’elle en avait prévu trois plus tôt dans l’année. Au Canada, les analystes prévoient trois nouvelles baisses de taux d’ici à la fin de 2024. Le taux directeur en vigueur au Canada pourrait ainsi être inférieur de 1,25 % à celui en vigueur aux États-Unis.
De l’espace pour bouger
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a reconnu qu’il y avait une limite à la divergence des taux entre le Canada et les États-Unis. Il a néanmoins déclaré devant un auditoire à Montréal que la Banque était loin de s’approcher de cette limite. Il n’a pas précisé quelle était exactement cette limite.
La divergence, ça arrive
La divergence entre les taux directeurs au Canada et aux États-Unis n’est pas un phénomène hors du commun et, historiquement, un écart de 100 points de base – ou d’un point de pourcentage – est considéré comme à l’intérieur de la zone de confort.
Il y a eu de fortes divergences dans le passé. Entre 1994 et 1997, les taux canadiens ont chuté à 250 points de base au-dessous des taux américains et la valeur du huard est tombée à 63 cents américains.
Ce que cela pourrait entraîner
Bien entendu, la dévaluation du dollar canadien renchérit l’achat de biens étrangers, ce qui risque de relancer l’inflation.
Par ailleurs, les Canadiens sont plus sensibles à des taux d’intérêt élevés. Cela s’explique en grande partie par le fait que les prêts hypothécaires sont d’une durée de cinq ans, alors qu’ils sont généralement d’une durée de 30 ans aux États-Unis. Un plus grand nombre de Canadiens renouvellent donc leur prêt hypothécaire pendant cette période de taux élevés, ce qui force nombre de consommateurs de réduire leurs dépenses.
Aussi, les Canadiens sont lourdement endettés. Le ratio d’endettement des ménages s’établit maintenant à 176 %. Autrement dit, le ménage canadien moyen a une dette de 1,76 $ pour chaque dollar de revenu disponible qu’il peut dépenser. En baisse depuis peu, ce ratio demeure néanmoins parmi les plus élevés au monde.