Le ministre fédéral des Finances semble convaincu que les efforts déployés par Ottawa pour ralentir le marché du logement portent fruit. Dans une lettre au Comité des finances de la Chambre des communes, Bill Morneau écrit ceci : « Une baisse de la part des nouveaux prêts assurés émis aux emprunteurs hautement endettés laisse supposer que la qualité du crédit s’améliore dans le marché hypothécaire à ratio élevé. »
Cette affirmation ne semble pas tenir compte de l’abondance de maisons en vente à un prix demandé de plus de 1 million de dollars dans les deux principaux marchés au pays, soit Toronto et Vancouver. Ces maisons ne sont pas admissibles à l’assurance hypothécaire à ratio élevé du gouvernement depuis les modifications annoncées à la politique fédérale en octobre dernier.
Les plus récentes données en provenance du Grand Toronto pourraient forcer le ministre à revoir ses commentaires. Les données indiquent que le prix moyen d’une maison individuelle existante a baissé sous le seuil du million de dollars au cours des deux premières semaines d’août. Par conséquent, beaucoup plus de prêts hypothécaires à ratio élevé redeviendront admissibles à l’assurance hypothécaire de la SCHL.
Des économistes et d’autres observateurs du marché ne se ruent toutefois pas pour qualifier de « correction » la baisse des prix à Toronto. Plusieurs soutiennent que la baisse mènera probablement à une évolution de la composition du marché et qu’un plus grand nombre de maisons à prix plus modique finiront enfin par être mises en vente.
Il n’est peut-être pas inutile de souligner que seulement trois des quatre principaux changements de politique annoncés par le gouvernement fédéral en octobre dernier ont été mis en œuvre près d’un an plus tard. Les simulations crise plus rigoureuses pour se qualifier à un prêt hypothécaire, la non-admissibilité à l’assurance hypothécaire des maisons valant plus de 1 million de dollars et les nouvelles exigences de déclaration de l’exonération d’impôt du gain en capital réalisé à la vente d’une résidence principale – trois mesures ciblant directement les consommateurs – sont bien en place. Quant à un plan pour que les prêteurs, dont les grandes banques en particulier, partagent le risque lié à l’assurance de prêts hypothécaires en défaut, il demeure au stade de la consultation.