La Banque du Canada est restée – de façon plutôt provocatrice – sur la touche encore une fois, mais elle ressent la pression de revenir dans le match et un obstacle de plus vient d’être éliminé.
La banque a maintenu son taux de référence à 1,75 % pour une huitième annonce consécutive. Par ailleurs, elle a clairement laissé entendre qu’elle ne pourrait peut-être plus tenir le coup pendant encore longtemps. Dans son Rapport sur la politique monétaire (RPM) trimestriel, la banque a directement invoqué des disputes commerciales (comme la guerre tarifaire entre les États-Unis et la Chine) comme la cause principale du ralentissement de l’économie mondiale. La croissance a chuté à son plus bas niveau depuis l’effondrement des marchés financiers en 2007. Autour du globe, plus de 35 autres banques centrales ont déjà réduit leurs taux dans l’espoir de ne pas freiner la croissance totalement.
La Réserve fédérale américaine a décrété trois baisses au cours des derniers mois. Cela a eu un effet positif sur la valeur du dollar canadien. Par conséquent, les exportations canadiennes coûtent plus cher dans le marché mondial. Étant donné que la banque centrale compte sur une hausse des investissements et des dépenses des entreprises pour palier le manque à gagner économique, à un moment où les consommateurs endettés réduisent leurs dépenses pour consacrer plus d’argent à l’épargne et au remboursement de leurs prêts, les turbulences pour les exportations et les entreprises ne sont pas les bienvenues.
Toutefois, la BdC ne craint pas qu’une baisse des taux d’intérêt déclenche une frénésie renouvelée de dépenses de consommation financées. Elle est satisfaite que la principale composante de l’endettement des ménages – les prêts hypothécaires – a été stabilisée grâce à la ligne directrice B-20. Et un autre obstacle majeur a été éliminé. L’élection fédérale est chose du passé et la banque peut donc vaquer à ses activités sans risquer de donner l’apparence de verser dans le favoritisme politique.