L’intervention de l’État et les fluctuations des marchés en raison de la conjoncture ont amené deux des principaux observateurs du secteur au Canada à revoir leur analyse du marché immobilier national.
Prévisions de l’ACI
L’Association canadienne de l’immeuble s’attend au bout du compte à une diminution des ventes de l’ordre de 1,5 % à l’échelle nationale. Ce n’est pas très différent de sa prévision antérieure, mais cette analyse continue de mettre en lumière l’influence persistante et démesurée des marchés de Vancouver et de Toronto sur les données nationales. On devrait assister à une autre diminution des ventes et des prix dans le Grand Toronto et dans la grande région du Golden Horseshoe, alors que Vancouver poursuit sa reprise après la correction de l’an dernier.
En Colombie-Britannique, dans l’ensemble, le recul des ventes devrait être moins marqué que prévu, à 9 %, mais ce chiffre est établi par rapport à l’année record de 2016. En Ontario, à l’échelle de la province, on s’attend à une augmentation de 2,1 %. Comme nous l’avons établi, ce mouvement provient largement de la région très densément peuplée entourant l’extrémité ouest du lac Ontario. La situation est plus équilibrée dans le reste de la province, tout comme au Manitoba, au Québec, au Nouveau-Brunswick, à l’Île-du-Prince-Édouard et en Nouvelle-Écosse.
Dans les régions qui dépendent des ressources naturelles, et plus particulièrement du pétrole, les prévisions de vente sont à la baisse. On prévoit une chute de 11,7 % à Terre-Neuve-et-Labrador et de 4,4 % en Saskatchewan. L’Alberta fait mentir la tendance avec des prévisions d’augmentation de 10,2 %, qui restent toutefois en dessous de la moyenne des 10 dernières années. La Société canadienne d’hypothèques et de logement a aussi sonné l’alarme au sujet de la construction excessive à Calgary et à Edmonton.
L’accroissement des taux bride la hausse des prix
Selon les prévisions de l’ACI, le coût moyen des habitations à l’échelle nationale grimpera de 7,4 %, à 526 000 $. Malgré l’intervention de l’État au printemps, l’Ontario devrait mener le bal avec une augmentation de 16 %.
Pour 2018, l’ACI prévoit une réduction soutenue des ventes de 0,8 % et une escalade des prix moins marquée, à 1,8 %. Une fois de plus, ce sont les marchés monstres de la Colombie-Britannique et de l’Ontario qui donnent la cadence. La hausse des taux d’intérêt sera vraisemblablement un facteur clé dans les deux cas.
Les craintes de la SCHL demeurent vives
La Société canadienne d’hypothèques et de logement sonne l’alarme au sujet du marché de l’habitation pour un troisième trimestre de suite, soit depuis octobre 2016, et voit des signes évidents de situations problématiques.
Il y a peu de changements par rapport à son évaluation du marché de l’habitation du premier trimestre, et seules les villes de Vancouver et de Québec présentent des causes accrues d’inquiétudes : la surchauffe du marché dans le premier cas et la construction excessive dans l’autre.
La principale crainte de la SCHL à l’échelle nationale vient toutefois de la surévaluation qu’entraîne la hausse constante des prix, malgré le ralentissement de la croissance de la population des jeunes adultes et la croissance négative du revenu personnel disponible.
Les changements en Ontario ne sont pas pris en compte
La SCHL, dont les analyses arrivent à retardement, ne tient pas compte des changements attribuables à l’intervention du gouvernement provincial de l’Ontario, en avril, afin de ralentir la surchauffe dans la région de Toronto. Elle appuie son évaluation sur des données s’arrêtant en mars 2017, un mois avant le changement des règles.
Reprise attendue dans le Grand Toronto
Les données de la chambre immobilière de Toronto laissent à penser que les mesures apportées par la province ont refroidi le marché du Grand Toronto, tout comme celles de la Colombie-Britannique l’ont fait à Vancouver, temporairement. L’effet devrait être tout aussi temporaire à Toronto. Dans ses réactions à la suite de la publication de l’évaluation du marché de l’habitation, l’économiste en chef de la SCHL, Bob Dugan, a déclaré que si la création d’emploi se poursuit à Toronto et que l’économie continue de nourrir la demande dans le marché de l’habitation, on peut s’attendre à ce que des pressions à la hausse recommencent à s’exercer sur le prix des habitations à Toronto.