Vu la hausse des taux d’intérêt, deux questions récurrentes refont surface : De combien? À quel rythme?
Traditionnellement, la Banque du Canada utilise 25 points de base, ou un quart de point de pourcentage, comme incrément standard pour hausser ou baisser les taux d’intérêt. À l’occasion, la Banque modifiera son taux directeur de 50 points de base, comme elle l’a fait lors de sa dernière réunion le 13 avril.
La dernière fois que la banque centrale a augmenté d’un demi-point de pourcentage le taux d’intérêt à un jour, c’était il y a 20 ans. La Banque semble maintenant préparer le terrain à une augmentation encore plus importante, soit de 75 points de base ou plus, lors de sa prochaine réunion en juin. La dernière augmentation de trois quarts de point [de pourcentage] remonte à la fin des années 1990.
L’inflation reste la principale préoccupation de la Banque. En mars, le taux d’inflation a atteint 6,7 %, un sommet en 30 ans. La banque centrale vise une cible de l’inflation autour de 2,0 %. Cependant, elle ne s’attend pas à ce que cela se produise avant la fin de l’année prochaine.
Dans le cadre d’une allocution prononcée à Washington D.C. la semaine dernière, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, aurait déclaré aux ministres des Finances du monde entier et à ses collègues des banques centrales qu’il « n’exclut rien » en ce qui concerne les taux d’intérêt et la maîtrise de l’inflation.
« Nous sommes prêts à être aussi énergiques que nécessaire et je vais vraiment laisser ces mots parler d’eux-mêmes », a déclaré M. Macklem.
On pourrait penser que M. Macklem et la Banque du Canada essaient de prendre le pas sur l’inflation.
L’inflation est ce qu’on appelle un indicateur économique « tardif ». Autrement dit, il apparaît comme le résultat d’autres facteurs économiques. Certains observateurs du marché estiment que la Banque aurait dû agir plus tôt pour maîtriser la situation [de l’inflation].
Si la hausse de l’inflation n’était pas inattendue lorsque l’économie s’est remise de la pandémie, elle persiste plus longtemps que prévu. Selon la Banque, cela est attribuable en grande partie aux vagues successives de COVID-19, en particulier en Chine, qui ont perturbé les chaînes de production et d’approvisionnement, à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et aux dépenses alimentées par les taux d’intérêt maintenus très bas pour stimuler l’économie pendant la pandémie.
On pense que la Banque vise un taux directeur d’entre 2 % et 3 %. Ce taux est considéré comme un taux « neutre » qui ne stimule ni ne freine l’économie. Au rythme actuel, cet objectif pourrait être atteint à l’automne.