Aujourd’hui, la Banque du Canada a augmenté son taux de référence à un jour de 100 points de base pour le porter à 2,50 %, alors qu’il était de 1,50 % en juin. Il s’agit de la hausse la plus marquée en près de 25 ans. C’est également la quatrième fois cette année que la Banque intervient pour resserrer la masse monétaire afin de combattre la possibilité d’un cycle inflationniste infernal, bien que les mesures précédentes aient été beaucoup plus modestes (0,25 % en mars et 0,50 % en avril ainsi qu’en juin).
La Banque a qualifié cette hausse progressive plus marquée de moyen « d’accélérer sans tarder le relèvement des taux d’intérêt ». Il s’agit d’un signal clair qu’elle craint que l’inflation élevée ne s’installe en l’absence de mesures musclées et que d’autres hausses de taux sont presque certainement à venir.
Dans la foulée de la hausse décrétée ce matin, le taux d’escompte passe à 2,75 % et le taux créditeur. à 2,50 %.
Voici les points saillants de l’annonce faite aujourd’hui.
L’inflation au pays et à l’étranger
- L’inflation au Canada est plus élevée et persistante que la Banque le prévoyait dans son Rapport sur la politique monétaire d’avril et restera probablement autour de 8 % au cours des prochains mois
- Même si des facteurs mondiaux comme la guerre en Ukraine et les perturbations continues de l’approvisionnement ont été les principaux moteurs de l’inflation, « les pressions intérieures sur les prix attribuables à la demande excédentaire gagnent en importance »
- Des résultats d’enquêtes indiquent que davantage de consommateurs et d’entreprises au Canada s’attendent à ce que l’inflation soit « plus élevée pendant plus longtemps », ce qui accentue le risque d’un enracinement de la forte inflation pour l’établissement des prix et des salaires. « Si cela se produit, le coût économique pour restaurer la stabilité des prix sera plus grand »
- Selon la projection de juillet pour le Canada, l’inflation « commencera à redescendre plus tard cette année pour se situer autour de 3 % à la fin de l’année prochaine et retournera à la cible de 2 % à la fin de 2024 »
- L’inflation est aussi plus élevée à l’échelle mondiale et par conséquent, de nombreuses banques centrales resserrent leur politique monétaire
Économies canadienne et mondiale
- Les conditions financières plus tendues qui en résultent « modèrent » la croissance économique et continueront de la modérer à mesure que le resserrement de la politique monétaire fera sentir ses effets dans l’économie; la Banque estime que ces changements, conjugués à la résolution des perturbations de l’approvisionnement, « rétabliront l’équilibre entre l’offre et la demande et atténueront les pressions inflationnistes »
- Par conséquent, la Banque s’attend à ce que l’économie canadienne progresse de 3,5 % en 2022, de 1,75 % en 2023 et de 2,5 % en 2024 et que la croissance économique mondiale ralentisse pour s’établir à environ 3,5 % cette année et 2 % en 2023, avant de « se raffermir pour atteindre 3 % en 2024 »
• Au Canada, les marchés du travail sont tendus : le taux de chômage n’a jamais été aussi bas, les pénuries de main-d’œuvre sont généralisées et les pressions sur les salaires s’intensifient
- La demande étant forte, les entreprises répercutent sur les consommateurs les coûts plus élevés des intrants et de la main-d’œuvre en montant les prix
- La consommation intérieure est robuste, tirée par un rebond des dépenses en services pour lesquels la distanciation est difficile, tandis que les investissements des entreprises sont solides et les exportations sont stimulées par les prix élevés des produits de base
- La Banque estime que le PIB a progressé d’environ 4 % au deuxième trimestre
- Aux États-Unis, l’inflation élevée et les taux d’intérêt en hausse contribuent à un ralentissement de la demande intérieure
- L’économie chinoise est plombée par « des vagues de restrictions » visant à contenir les éclosions de COVID-19
La situation du logement au Canada
- Alors que la croissance au Canada devrait ralentir pour s’établir autour de 2 % au troisième trimestre à mesure que la croissance de la consommation se modérera, la BdC prévoit maintenant que l’activité sur le marché du logement « reculera après avoir affiché, durant la pandémie, une vigueur qui ne peut pas être maintenue »
Perspectives
En plus de noter que son Conseil de direction a décidé « d’accélérer sans tarder le relèvement des taux d’intérêt » en haussant le taux directeur de 100 points de base aujourd’hui, la BdC a aussi déclaré qu’elle « juge encore que les taux d’intérêt vont devoir augmenter davantage, et le rythme des hausses sera guidé par l’évaluation continue que fait la Banque de l’économie et de l’inflation »
Le Conseil de direction s’est dit « déterminé » à tenir son engagement à assurer la stabilité des prix et continuera de prendre les mesures nécessaires en vue de l’atteinte de la cible d’inflation de 2 %. Un message clair est lancé au marché : l’inflation doit être maîtrisée et il faut s’attendre à des taux d’intérêt plus élevés.
Il s’agit d’une histoire en évolution, le prochain chapitre étant prévu pour le 7 septembre 2022 – date de la prochaine déclaration politique de la Banque du Canada.