Aujourd’hui, dans sa deuxième décision d’orientation de 2022, la Banque du Canada a tenu sa promesse de relever les taux d’intérêt pour tenter de contrer une inflation plus élevée.
Pour la première fois depuis que la pandémie a commencé à nuire à l’économie en mars 2020, la Banque a relevé son taux cible du financement à un jour de 0,25 % à 0,50 %. Par conséquent, le taux d’escompte passe de 0,5 % à 0,75 % et l’effet d’entraînement est que les coûts d’emprunt pour les Canadiens augmenteront modérément, bien qu’ils demeurent faibles selon des normes historiques.
La Banque a également annoncé qu’elle poursuit sa phase de réinvestissement, gardant le portefeuille global d’obligations du gouvernement du Canada inscrites à son bilan « assez stable » jusqu’à ce qu’il devienne « approprié » de laisser la taille de son bilan diminuer.
Dans ses commentaires actualisés sur l’état de l’économie, la Banque a souligné que l’invasion non provoquée de l’Ukraine par la Russie est une « nouvelle source majeure d’incertitude » qui fera monter l’inflation « partout dans le monde » et aura des effets néfastes sur la confiance qui pourraient peser sur la croissance mondiale.
Voici les autres points saillants.
L’économie canadienne et le marché du logement
- La croissance économique au Canada a été très forte au quatrième trimestre de 2021, atteignant 6,7 %. Cette progression est supérieure à la projection de la Banque et confirme sa perception que les capacités excédentaires de l’économie se sont résorbées
- Les exportations et les importations se sont redressées, ce qui reflète la vigueur de la demande mondiale
- En janvier 2022, la reprise du marché du travail canadien a été entravée par le variant Omicron, qui a entraîné des mises à pied temporaires dans les secteurs des services et un fort absentéisme des employés. Cependant, la reprise au sortir de la vague Omicron paraît maintenant « bien entamée »
- Les dépenses des ménages s’avèrent résilientes et devraient se renforcer davantage avec la levée des restrictions sanitaires
- L’activité sur le marché du logement est « plus élevée », ce qui amplifie les pressions sur les prix des logements
- La croissance au premier trimestre s’annonce « à présent plus solide » qu’on l’avait anticipé
L’inflation au Canada et l’impact de l’invasion de l’Ukraine
- L’inflation mesurée par l’IPC s’établit actuellement à 5,1 %, comme on s’y attendait en janvier, et elle reste bien au-dessus de la fourchette cible de la Banque
- Les hausses de prix se sont « généralisées » et les mesures de l’inflation fondamentale ont toutes augmenté
- Les mauvaises récoltes et les coûts de transport plus élevés ont fait monter les prix des aliments
- L’invasion de l’Ukraine exerce des pressions à la hausse supplémentaires sur les prix de l’énergie et des produits de base alimentaires.
- On s’attend désormais à ce que l’inflation à court terme dépasse la projection de janvier
- Une inflation qui demeure élevée accroît le risque que les attentes d’inflation à plus long terme se mettent à augmenter
- La Banque utilisera ses outils de politique monétaire pour ramener l’inflation à la cible de 2 % et « garder les attentes d’inflation bien ancrées »
Économie mondiale
- Les données sur l’économie mondiale cadrent généralement avec les projections du Rapport sur la politique monétaire publié en janvier par la Banque
- Les effets du variant Omicron de la COVID-19 sur l’économie s’estompent plus rapidement qu’on s’y attendait, mais le virus continue de circuler et la possibilité que de nouveaux variants apparaissent reste préoccupante
- La demande est robuste, surtout aux États-Unis
- L’engorgement des chaînes d’approvisionnement mondiales reste problématique, « même s’il y a des indications que certaines contraintes se sont atténuées »
Perspectives
Dans la mesure où la croissance de l’économie se poursuit et où les pressions inflationnistes restent fortes, le Conseil de direction de la Banque a lancé le message clair aux Canadiens qu’ils doivent s’attendre à ce que les taux d’intérêt continuent d’augmenter.
Le Conseil de direction a également annoncé qu’il évaluera à quel moment il mettra fin à sa « phase de réinvestissement et laissera son portefeuille d’obligations du gouvernement du Canada commencer à décroître ».
Le resserrement quantitatif découlant de cette mesure (que les banquiers centraux ont appelé « RQ » en remplacement de l’ancien terme « AQ » pour assouplissement quantitatif) viendrait s’ajouter aux hausses du taux directeur de la Banque. Le moment et le rythme des hausses subséquentes de ce taux, et le début du resserrement quantitatif, seront guidés par l’évaluation continue que fait la Banque de l’économie et par son engagement à atteindre la cible d’inflation de 2 %.
La prochaine déclaration politique de la Banque est prévue le 13 avril 2022. Nous ferons une mise à jour à la suite de cette annonce et, comme toujours, vous trouverez d’autres renseignements importants concernant les marchés de capitaux à la page Ressources de ce site Web.