Bon matin!
Les marchés mondiaux à revenu fixe viennent d’enregistrer les deux semaines de pertes (prix à la baisse, rendements à la hausse) les plus marquées depuis 25 ans. À l’échelle planétaire, les valeurs obligataires ont baissé de plus de 1 billion de dollars, car les politiques du président américain désigné, Donald Trump, sont perçues comme favorables à une augmentation des dépenses et à une accélération de l’inflation.
Ici, au Canada, les émissions obligataires de référence du gouvernement (5 ans et 10 ans) se négocient à entre 30 et 40 points de base de plus qu’il y a deux semaines (rendements de 0,95 % et de 1,53 % respectivement).
Nouvelles économiques de dernière heure
Au Canada, les prix à la consommation ont augmenté de 0,2 % en octobre, conformément au consensus et suffisamment pour faire grimper le taux d’inflation annuel à 1,5 %. Cependant, l’IPC publié et l’IPC de référence sont inférieurs aux prévisions de la Banque du Canada pour le quatrième trimestre, et l’IPC modéré renforce le message que la BdC peut se permettre de prendre du recul et de favoriser un assouplissement pendant une période prolongée.
Nouvelles sur le front des taux hypothécaires
La Banque Royale du Canada a décidé de hausser ses taux hypothécaires résidentiels cette semaine. Le taux « spécial » pour un terme de 5 ans a été majoré de 30 points de base et s’établit désormais à 2,94 % Aussi, la RBC a introduit une prime de 10 points de base applicable aux prêts hypothécaires dont la période d’amortissement est supérieure à 25 ans. C’est un des premiers exemples d’une banque canadienne qui fixe la tarification de ses produits hypothécaires en fonction du risque. Attendez-vous à voir d’autres exemples d’une telle tarification au cours de l’année à venir. La TD a opté pour une majoration de seulement 10 points de base du taux applicable à ses termes de 5 ans; le taux en vigueur est maintenant de 2,69 %. D’autres prêteurs se sont montrés hésitants à suivre cette tendance, mais la capitulation ne devrait pas trop tarder vu le mouvement brusque ayant secoué les rendements obligataires sous-jacents cette semaine.
Nous nous attendons aussi à observer une « réinitialisation » des taux hypothécaires conventionnels passé le 30 novembre – date de prise d’effet des nouvelles règles d’assurance hypothécaire. Rappelons que, passé le 30 novembre, de nombreux prêts hypothécaires conventionnels (dont le ratio prêt-valeur est inférieur à 80 %) ne seront plus admissibles à l’assurance hypothécaire. Les hypothèques conventionnelles devront être associées à l’achat d’un nouveau logement occupé par le propriétaire (et non à un refinancement) et à une période d’amortissement de moins de 25 ans et elles devront respecter un ratio de service de la dette calculé selon le taux de référence de la Banque du Canada de 4,64 % (et non le taux hypothécaire réel). De plus, seules les propriétés d’une valeur de moins de 1 million de dollars seront admissibles à l’assurance hypothécaire. L’inadmissibilité à l’assurance hypothécaire signifie l’absence de titrisation dans le cadre des TH LNH, et cela pourrait se traduire par des taux hypothécaires plus élevés pour certains prêts à ratio bas.
Nouvelles de la SCHL
Voici ce qui ne va pas dans les médias. « Le marché de l’assurance hypothécaire de la SCHL est vulnérable à une hausse marquée des taux d’intérêt. » Ce titre [traduit] du Globe and Mail donne l’impression que l’assureur hypothécaire est sur le point de s’effondrer. En fait, la SCHL faisait rapport des résultats d’une modélisation interne qui démontre qu’elle est amplement capitalisée en fonction de simulations de crise très contraignantes – incluant des simulations impliquant des séismes, des lions, des tigres et des ours. MON DIEU… REVENONS-EN. La SCHL a déclaré qu’elle planifiait en fonction de scénarios extrêmes très peu probables de se produire. Au Canada, les emprunteurs, prêteurs et contribuables ont tous bénéficié énormément de nos politiques en matière d’assurance hypothécaire, de titrisation et de prêt – parmi les meilleures au monde – au fil des ans. La SCHL génère des revenus de plus de 1 milliard de dollars annuellement pour les Canadiens et elle projette en générer 6,4 milliards au cours des cinq prochaines années. Ce faisant, elle maintient un marché hypothécaire liquide, concurrentiel et sûr qui fait l’envie de la planète entière.
Nouvelles en matière de titrisation hypothécaire
Merrill Lynch Canada a émis pour 800 millions de dollars de TH LNH de 5 ans à GdC+76, en hausse par rapport à une émission initiale de 500 millions de dollars en raison d’une forte demande. Il s’agit de l’écart le plus serré depuis l’été 2015. La Banque Laurentienne a procédé la semaine dernière à une émission à +80, mais elle a eu le malheur de le faire le lendemain matin de l’élection américaine. Le titre se négocie maintenant à un écart plus serré dans le marché secondaire.
La Fiducie du Canada pour l’habitation a aussi procédé à une émission cette semaine. La troisième et dernière émission de l’obligation hypothécaire du Canada de 10 ans venant à échéance en septembre 2026 a fait l’objet d’une demande plus forte que prévu et l’émission a été majoré de 2,0 à 2,25 milliards de dollars – ce qui demeure toutefois inférieure à l’émission de 2,5 milliards en août. L’émission a été offerte au même prix que celle d’août. La prochaine émission d’OHC d’un terme de 10 ans est prévue en février 2017 et comportera probablement une nouvelle date d’échéance en juin 2027. L’émission sera rouverte en mai 2017 et en août 2017. De plus, la Fiducie du Canada pour l’habitation a émis pour 2,5 milliards de dollars de billets à taux variable venant à échéance en mars 2022. Cette émission sera rouverte une fois en février prochain. Depuis le début de l’année, les émissions d’OHC ont totalisé 35 milliards de dollars, ce qui laisse donc 5 milliards disponibles pour l’émission d’obligations de 5 ans en décembre. (Nota : La Fiducie du Canada pour l’habitation est limitée à des émissions de 40 milliards de dollars.)
Nouvelles des banques centrales
Les investisseurs misent sur le décrit d’une hausse de taux par la Réserve fédérale en décembre – une quasi-certitude dans la foulée de la victoire de Donald Trump la semaine dernière. Les programmes de dépenses et les baisses d’impôts proposés devraient alimenter la croissance et provoquer une poussée inflationniste aux États-Unis. La Réserve fédérale se réunit le 14 décembre, et les contrats à terme sur les fonds fédéraux laissent entrevoir une probabilité de hausse des taux de 96 %.
Il est peu probable que la Banque du Canada suive la Réserve fédérale. Le sous-gouverneur Timothy Lane a pris la parole mercredi de cette semaine. Il aurait affirmé que la Banque du Canada était libre de rajuster son taux directeur en tenant compte de la conjoncture de l’économie canadienne. Par conséquent, elle n’est pas obligée de suivre la décision de la Réserve fédérale. Voilà! La prochaine réunion de la BdC est prévue le 7 décembre. La probabilité d’une hausse de taux s’établit à 0 %, tandis que les swaps indexés sur le taux à un jour laissent entrevoir une probabilité de baisse de 3,5 %.
Nouvelles en matière d’impôts fonciers
Le gouvernement de l’Ontario a proposé un certain nombre de changements au régime des droits de cession immobilière (DCI) cette semaine. Les changements proposés incluent une majoration du taux de DCI de 2,00 % à 2,50 % applicable aux propriétés d’une valeur de plus de 2 millions, une réduction de taux pour les premiers acheteurs (qui aurait pour effet d’annuler les DCI perçus sur les propriétés d’une valeur de 368 000 $ ou moins) et la limitation de cette réduction aux citoyens et résidents permanents du Canada. Plus controversée, cependant, est la proposition de modifier la Loi sur les droits de cession immobilière pour permettre la collecte de renseignements additionnels sur les propriétés et les achats, dont sur la résidence et la citoyenneté des acheteurs.
À Vancouver, le conseil municipal a approuvé l’imposition d’une nouvelle taxe sur les logements vacants. À compter de 2018, sur la base des données recueillies en 2017, les propriétaires de logements vacants seront assujettis à une taxe de 1 % sur la valeur d’évaluation de leur propriété. Et ainsi va la vie.
Enfin, vous êtes plusieurs à me demander à quoi ressemble une journée type du gars de la trésorerie. Disons que des conversations stratégiques comme la suivante sont souvent la norme :
Souscripteur d’hypothèques commerciales : Gars de la trésorerie, une hausse de taux est-elle imminente?
Gars de la trésorerie : Je ne saurais vous le dire.
Souscripteur d’hypothèques commerciales : Vous pouvez vous confier à moi, je suis souscripteur.
Gars de la trésorerie : Non, je veux dire que je ne le sais pas.
Souscripteur d’hypothèques commerciales : Bien, vous ne pouvez pas faire une prévision?
Gars de la trésorerie : Non, pas aujourd’hui.
Souscripteur d’hypothèques commerciales : Pas avant demain?
Passez un bon week-end.
Le gars de la trésorerie
Jason Ellis, Directeur général, Marchés financiers