Les courtiers immobiliers du Canada ont rehaussé leurs prévisions dans une certaine mesure en ce début de dernier trimestre de l’année, alors que la Société canadienne d’hypothèques et de logement maintient son avertissement concernant les vulnérabilités auxquelles le marché du logement est exposé.
La SCHL assouplit sa position... un peu
La Société canadienne d’hypothèques et de logement maintient son état d’alerte rouge depuis maintenant neuf trimestres consécutifs, signalant ainsi qu’elle demeure préoccupée par la grande vulnérabilité à laquelle s’expose le marché national. Cependant, l’organisme souligne au passage que le rythme de hausse des prix des maisons ralentit et que la surévaluation s’apaise d’un bout à l’autre du pays.
Les suspects habituels
Les principaux marchés qui font que la SCHL maintient son alerte de haut risque demeurent Vancouver, Victoria, Toronto et Hamilton. La surévaluation reste la principale préoccupation dans ces quatre marchés, car les prix y demeurent plus élevés que ce que justifient des facteurs économiques fondamentaux comme les revenus, le nombre d’habitants et les taux d’intérêt.
Nouveaux marchés préoccupants
La SCHL porte aussi une attention particulière à Montréal et à Winnipeg. La surévaluation est devenue préoccupante dans le marché montréalais de la revente. La SCHL maintient son évaluation du risque à bas, mais souligne que le marché est près d’un point de surchauffe en raison d’un resserrement marqué entre l’offre et la demande.
Septembre marquait le 43e mois consécutif de croissance des ventes à Montréal. Les ventes ont enregistré une hausse sur douze mois de 8 %, faisant de septembre 2018 le meilleur mois de septembre des neuf dernières années.
Winnipeg est désormais sur le radar de la SCHL en raison d’un problème de construction excessive. En effet, l’organisme a fait passer le facteur de risque pour ce marché de faible à modéré. L’augmentation du nombre d’unités de logement neuves qui demeurent invendues fait également en sorte que l’évaluation de risque pour l’ensemble de la ville passe aussi à modéré.
Sentiments mitigés du côté de l’ACI
L’Association canadienne de l’immobilier a rajusté ses prévisions pour le quatrième trimestre et se montre quelque peu plus optimiste en ce qui concerne les ventes. L’association prévoit désormais une baisse des ventes de l’ordre de 9,8 % pour 2018. C’est une amélioration par rapport à la baisse prévue de 11 % qui figurait dans son dernier rapport, en juin. L’atténuation de la baisse est attribuable à des activités plus soutenues que prévu en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique.
Cependant, l’ACI s’attend à ce que les prix en écopent un peu plus que ce qui était prévu antérieurement. L’association prévoit maintenant que le prix moyen d’une maison au Canada baissera à 494 000 $, soit de -2,7 % par rapport à 2017. Le rapport de juin fait état d’une baisse prévue de 2,1 %.
L’association est d’avis que les facteurs démographiques et économiques fondamentaux demeurent positifs en ce qui concerne la vente de maisons, mais elle continue de pointer du doigt le resserrement des règles de qualification hypothécaire et la hausse des taux d’intérêt comme les principaux facteurs qui nuisent au marché. Vu que la Banque du Canada a haussé son taux directeur de 25 points de base pour l’établir à 1,75 % lors de sa dernière réunion et a clairement laissé entendre que des hausses subséquentes sont imminentes, la position de l’ACI semble justifiée.
À quoi s’attendre maintenant?
Maintenant que 2018 tire à sa fin, les courtiers immobiliers du Canada s’attendent à un retour à des conditions plus normales en 2019. L’ACI prédit une modeste reprise des ventes de l’ordre de 2,1 % ou quelque 473 000 unités. La reprise attendue en Ontario est déjà commencée, mais certains craignent qu’elle s’essouffle si les taux d’intérêt continuent d’augmenter. La Colombie-Britannique ne montre toujours aucun signe d’un début de reprise.
À l’échelle pancanadienne, les prix devraient finir par s’aligner sur l’inflation, augmentant de 2,8 % pour établir la moyenne nationale à 508 000 $ l’an prochain.