À l’instar du temps qu’il fait cet hiver, les prévisions concernant l’économie canadienne sont moroses, mais rien ne laisse entrevoir une catastrophe. Il s’agit donc en grande partie d’une bonne nouvelle.
L’inflation demeure une préoccupation majeure
La lutte contre l’inflation est au cœur de tous les efforts. La Banque du Canada a relevé les taux d’intérêt dans l’optique de réduire la demande et de permettre à l’offre de rattraper le retard.
Sa stratégie semble porter ses fruits, mais la lutte contre l’inflation n’est pas sans faire de victimes, ce qui inquiète. Ni l’économie ni les travailleurs n’aiment pas l’incertitude.
Inquiétudes liées au travail
Selon une récente enquête menée par l’Angus Reid Institute, la moitié des Canadiens âgés de moins de 55 ans craignent de prendre leur emploi ou craignent qu’un membre de leur ménage perde son emploi en raison de la situation économique. Une majorité des moins de 55 ans affirment qu’ils ne pourraient pas faire face à une dépense imprévue de plus de 1 000 $ au cours du mois à venir. C’est particulièrement vrai parmi les détenteurs d’un prêt hypothécaire et les locataires.
Hausse des mises sous séquestre
Les entreprises souffrent tout autant. On observe une recrudescence des mises sous séquestre dans le secteur de la promotion immobilière. La hausse des taux d’intérêt, l’augmentation des coûts et le ralentissement du marché immobilier compromettent des projets, selon certains experts. Cela dit, l’économie n’en est pas la seule responsable.
« Ça relève en grande partie d’une mauvaise gestion, d’une méconnaissance de la longueur et de la complexité du processus de développement », explique Lauren White, vice-présidente exécutive du groupe de services fonciers de CBRE.
« La dernière fois que le nombre de mises sous séquestre a été si élevé, c’est probablement au début des années 1990 », a-t-elle ajouté.
Mme White s’attend à ce que la tendance commence à s’inverser dans environ six mois.
La mise sous séquestre est un moyen pour des créanciers garantis de demander au tribunal de nommer quelqu’un pour administrer un bien et le liquider ou en maximiser la valeur. C’est généralement considéré comme une mesure de dernier recours.
Augmentation des cas d’insolvabilité
Les cas d’insolvabilité augmentent également parmi les entreprises. L’Association canadienne des professionnels de l’insolvabilité et de la réorganisation (ACPIR) a constaté que les cas d’insolvabilité ont augmenté de 41,4 % en 2023 par rapport à 2022. Il s’agit de l’augmentation annuelle la plus marquée enregistrée depuis 36 ans par le Bureau du surintendant des faillites (BSF).
Cette augmentation était attendue, de nombreuses entreprises ayant pris du retard dans le remboursement des prêts leur ayant été accordés pour faire face à la pandémie, dont le compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC) du gouvernement fédéral.
Parmi les consommateurs, les cas d’insolvabilité ont augmenté de 23 % l’an dernier, selon l’ACPIR.
Cela peut sembler alarmant, mais les niveaux demeurent inférieurs aux niveaux prépandémiques.
Remporter la lutte contre l’inflation
Ces rapports tendent à détourner l’attention d’une économie fondamentalement saine et de politiques qui réduisent l’inflation.
L’inflation est en baisse par rapport au sommet de 8,1 % atteint en juin 2022. Elle s’élevait à 3,4 % en décembre 2023.
La croissance du PIB s’est affaiblie, comme le souhaitait la Banque du Canada, mais elle reste néanmoins positive. Le Canada a évité la récession et l’espoir d’un « atterrissage en douceur » demeure.
Le chômage est en légère hausse, mais cette hausse s’explique principalement par l’immigration et l’augmentation du nombre de personnes à la recherche active d’un emploi.