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Note sur les marchés : Crise, quelle crise?

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Parmi les réalités qui empêchent les gouverneurs de la Banque du Canada de dormir la nuit figure le niveau d’endettement très élevé des ménages canadiens. Bien qu’ils ne soient pas les seuls à s’en préoccuper, ce n’est pas tout le monde qui s’en inquiète autant.

Récemment, la Banque des règlements internationaux a produit un rapport selon lequel le Canada figurerait parmi les trois pays les plus à risque de traverser une crise bancaire. Par ailleurs, le Forum économique mondial considère depuis maintenant neuf années consécutives que le Canada compte un des systèmes bancaires les plus sûrs sur la planète. Ici les grandes banques canadiennes ont continuellement réussi à réduire les montants qu’elles doivent mettre de côté pour couvrir des prêts irrécouvrables.

Comparer des pommes et des oranges

Essentiellement, elles font référence à différentes réalités.

La Banque du Canada et la BRI examinent des données recueillies à long terme et comparent la situation actuelle, caractérisée par des niveaux d’endettement et des prix des maisons élevés, à de telles normes historiques. Elles considèrent donc que l’économie et le système bancaire pourraient être démantelés par un choc important et soudain, comme une montée en flèche de l’inflation ou du chômage, une hausse rapide des taux d’intérêt ou une cyber-attaque.

Les grandes banques, d’autres analystes ainsi que les économistes adoptent une approche différente.

Premièrement, comme l’affirme Craig Alexander, économiste en chef du Conference Board du Canada, corrélation et causalité décrivent deux réalités différentes. L’existence de facteurs de risque ne mènera donc pas nécessairement à une crise.

Deuxièmement, le Canada compte un robuste programme d’assurance hypothécaire qui protégera les banques contre une possible hausse marquée des défaillances. Les prêts hypothécaires non assurés pourraient poser un plus grand risque, mais il est atténué par le fait que ces emprunteurs tendent à disposer d’une valeur nette plus élevée dans leur maison.

Troisièmement, il faut tenir compte de la qualité de la dette et du degré d’exposition à la dette. À cet égard, les banques considèrent que leurs assises sont solides. Historiquement, les banques affichent un coefficient des prêts douteux nets par rapport au portefeuille global de prêts d’à peine 0,2 %. Comme l’a récemment expliqué un gestionnaire de risques d’une des six grandes banques, leurs portefeuilles de prêts hypothécaires affichent un ratio prêt-valeur d’environ 50 %. Elles sont donc tenues d’assumer environ la moitié de la valeur des propriétés qu’elles financent. Il a ajouté que, tant que les taux d’emploi demeurent bons, toute correction des prix des maisons perturbera la perception qu’ont les propriétaires de leur avoir net plutôt que l’économie dans son ensemble.

Quantité c. qualité

À la fin de 2017, les Canadiens devaient collectivement un total de 2,1 billions de dollars. À tous égards, c’est tout un montant d’argent. De ce total, les dettes à la consommation (cartes de crédit, prêts autos, etc.) totalisent 630 milliards de dollars. Les dettes hypothécaires totalisent 1,4 billion de dollars, soit plus de la moitié du total. Autrement dit, la qualité des dettes des Canadiens est plutôt bonne.

Un autre instrument de mesure produit des chiffres démontrant que les Canadiens ont une valeur nette plus élevée. Des valeurs d’actif plus élevées ont augmenté la valeur nette moyenne des Canadiens à un peu plus de 302 00 $ en date de la fin de 2017. C’est en hausse par rapport à 296 000 $ pour le trimestre précédent et c’est la première fois que la valeur nette moyenne franchit le cap des 300 000 $.

Le ratio de l’endettement total des ménages par rapport à leur actif total – soit le niveau d’endettement – s’établit à 16,6 %. Autrement dit, le ménage moyen possède 6 dollars d’actif pour chaque dollar de passif.