Deux des principaux facteurs que la Banque du Canada aime observer ont été au centre des débats la semaine dernière. À la fois l’inflation and la politique monétaire américaine ont joué des rôles de premier plan, mais notre banque centrale continue de patienter.
L’inflation globale au Canada a bondi en février et atteint un taux annualisé de 2,2 %. Il s’agit d’une forte hausse par rapport au taux annualisé de 1,7 % enregistré en janvier, laquelle a pour effet de hisser l’inflation au-dessus du taux cible de 2,0 % fixé par la banque centrale. Même l’inflation de référence dépasse maintenant légèrement les 2,0 %. Statistique Canada utilise la moyenne de trois mesures différentes relatives à l’inflation pour éliminer l’influence de commodités volatiles comme les ressources énergétiques et les denrées alimentaires et ainsi établir son chiffre de référence.
Aux États-Unis, la Réserve fédérale a resserré sa politique et haussé son taux d’intérêt directeur d’un quart de point de pourcentage. Le taux de la Fed oscille désormais entre 1,50 % et 1,75 %. Aussi, la Fed prédit maintenant que l’inflation sera supérieure à 2,0 % aux États-Unis. La plupart des observateurs du marché prédisent que la Fed décrétera trois autres hausses de taux cette année. De plus, la Chine a haussé un taux d’intérêt à court terme clé et la Banque d’Angleterre a clairement fait connaître son intention de hausser les taux dès que possible. (La Banque d’Angleterre a néanmoins maintenu son taux à 0,5 % lors de sa réunion de jeudi dernier.)
En temps normal, l’un ou l’autre de ces événements – une hausse de l’inflation intérieure ou une hausse de taux d’intérêt aux États-Unis – serait interprété par la Banque du Canada comme un signal de hausser son taux de référence à un jour. Cependant, nous traversons une période anormale et la BdC n’est donc probablement pas encore prête à passer à l’action.
Les données canadiennes relatives à l’inflation en février reflètent en bonne mesure la robustesse de l’économie à la fin de l’année dernière. La Banque a déjà décrété trois hausses de taux pour éviter des pressions inflationnistes exercées par cette croissance. Depuis, l’économie a ralenti et les pressions inflationnistes se sont atténuées dans une certaine mesure.
La hausse de taux décrétée par la Fed aux États-Unis vient à un moment de grandes incertitudes pour le Canada, à savoir le sort qui sera réservé à la renégociation de l’ALENA et l’endettement élevé des ménages. Ce niveau d’endettement représente une grande préoccupation pour la Banque.
Une des conséquences du renforcement de l’économie américaine et du resserrement de la politique monétaire au sud de la frontière est une augmentation des taux obligataires. C’est ce qui a provoqué des hausses de taux d’intérêt ici, malgré l’absence de mesures prises par la Banque du Canada. Les obligations du gouvernement américain servent de référence en matière de cours obligataires partout dans le monde et particulièrement au Canada. Les hausses ont eu pour effet de pousser vers le haut de plus d’un demi-point de pourcentage le rendement des obligations de 5 ans du gouvernement du Canada au cours des derniers mois. C’est essentiellement ce qui a contribué à la hausse d’un quart de point des taux d’intérêt sur le marché canadien, rendant du coup les hypothèques et d’autres emprunts plus coûteux.
La BdC est très attentive à ces hausses attribuables à des facteurs externes. Étant donné que le ménage canadien moyen doit 1,70 $ pour chaque dollar de revenu disponible, la Banque fait preuve d’une très grande patience et évite de trop hausser les taux ou de les hausser trop rapidement, pour ne pas pousser ces ménages au bord du gouffre financier.