Le plus grand risque intérieur qui plane sur l’économie canadienne vient de s’intensifier un peu. Les données de Statistique Canada concernant le deuxième trimestre indiquent que le taux d’endettement des ménages par rapport à leur revenu disponible a grimpé et frôle maintenant les 168 %. Il s’agit d’une hausse d’un peu plus de 1 % par rapport au premier trimestre (T1 = 166,6 %; T2 = 167,8 %).
La hausse enregistrée au deuxième trimestre annule donc la légère baisse enregistrée au premier trimestre. De plus, cette hausse s’est accompagnée d’une baisse de l’avoir net par habitant au Canada, lequel avoir a baissé d’environ 1 300 $. Aussi, la croissance de l’endettement dépasse la croissance des salaires. L’endettement des ménages a augmenté de 1,9 %, tandis que les salaires n’ont augmenté que de 1,2 %. Le rapport sur le deuxième trimestre fait abstraction des hausses de taux d’intérêt décrétées par la Banque du Canada en juillet et en septembre.
Liée aux chiffres relatifs aux ménages est une statistique nationale qu’observe de près la communauté financière mondiale : l’écart entre le crédit et le PIB. C’est en raison de cet écart que la Banque des règlements internationaux brandit un grand drapeau rouge sur l’économie canadienne.
La Banque des règlements internationaux regroupe toutes les banques centrales de la planète, tandis que l’écart entre le crédit et le PIB représente la différence entre la ratio du crédit/PIB et les moyennes à long terme dans un pays donné. Il tient compte de l’endettement des ménages ainsi que d’autres prêts et d’autres titres à revenu fixe. Au Canada, cet écart s’établit actuellement à 11,3 points de pourcentage au-dessus de la moyenne à long terme. C’est en baisse par rapport à 14,1, mais tout écart de plus de 10 points de pourcentage est préoccupant. Le Canada se trouve dans la même ligue que la Chine et Hong Kong.
Moody’s Analytics brandit également un drapeau rouge, affirmant que les emprunts contractés par les ménages ont placé l’économie dans une position précaire. Moody’s se préoccupe surtout du fait que le gouvernement fédéral endosse la vaste majorité des prêts hypothécaires assurés et pourrait, en théorie, être pris avec une facture de 500 milliards de dollars si le marché du logement s’effondrait et la SCHL essuyait une perte totale.
Bien entendu, un effondrement total est un scénario plutôt exagéré. Les perspectives de Moody’s indiquent un ralentissement du marché au cours de la prochaine année. Moody’s tempère l’hypothèse apocalyptique aussi en affirmant que l’économie canadienne est suffisamment robuste pour gérer un tel scénario catastrophique.