« Sur la question du logement, permettez-moi de faire une mise en garde : il n’y a pas de solution miracle qui, une fois pour toutes, fera immédiatement de chaque Canadien un propriétaire dans le quartier de son choix. »
Sur ce, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a poursuivi en annonçant des programmes totalisant 10 milliards de dollars pour permettre à un plus grand nombre de Canadiens d’accéder à la propriété, ce qui constitue une partie importante de son plus récent budget fédéral.
Deux éléments clés du soi-disant « budget logement » sont un fonds pour accélérer la construction de logements de 4 milliards de dollars et un nouveau compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première habitation.
Le fonds pour accélérer la construction de logements s’attaque directement à la principale préoccupation des secteurs du crédit hypothécaire et de l’immobilier, à savoir une offre insuffisante de logements. Les deux groupes sont heureux de constater qu’Ottawa tente de s’attaquer au problème.
« Nous sommes très heureux que l’offre de logements soit au centre des préoccupations. Cela doit être la priorité absolue de tous les ordres de gouvernement, et le gouvernement fédéral doit continuer à encourager les ordres inférieurs à creuser et à bouger », a déclaré Paul Taylor, président et chef de la direction de Professionnels hypothécaires du Canada.
Cet argent est censé contribuer à la construction de 100 000 logements au cours des cinq prochaines années. Cependant, le contrôle de cette construction relève des municipalités et des provinces, de sorte que l’argent du gouvernement fédéral ne peut être qu’un incitatif pour ces ordres de gouvernement. Le budget ne donne aucune précision sur ce que pourraient être ces incitatifs.
Selon les propres estimations du gouvernement fédéral, la construction de logements doit doubler pour atteindre environ 400 000 unités par année. Les objectifs du fonds sont loin d’atteindre ce but. Outre la résistance politique locale et le sentiment « Pas dans ma cour » à l’égard du développement, le secteur de la construction doute de pouvoir répondre à la demande accrue en matière de logements. Le secteur est actuellement aux prises avec des pénuries de main-d’œuvre et de matériaux.
Le compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première habitation (CELIAPP) reçoit plus de soutien de la part des observateurs du marché. Le CELIAPP combine les caractéristiques d’un RER et d’un CELI pour permettre aux acheteurs d’une première maison de cotiser et d’investir jusqu’à 40 000 $ – à l’abri de l’impôt – sur cinq ans.
Professionnels hypothécaires du Canada a recommandé ce type de compte au gouvernement fédéral comme moyen de promouvoir une épargne prudente en vue d’accéder à la propriété.
Les critiques affirment que le CELIAPP a ses limites :
- Il n’aidera que ceux qui ont réellement de l’argent à mettre dans le compte et ne fera rien ou presque pour les Canadiens à faible revenu;
- Les montants en jeu seront d’une utilité limitée dans les marchés les plus chers du pays, où les prix franchissent couramment la barre du million de dollars et où les mises de fonds atteignent plus de 200 000 $;
- Faciliter l’épargne pour l’achat d’un logement ne contribue en rien à réduire le coût de ce logement et pourrait même avoir l’effet inverse.
Plusieurs observateurs du marché soulignent une occasion manquée dans le budget, soit une augmentation de la valeur limite pour être admissible à l’assurance prêt hypothécaire. Pendant la campagne électorale, les libéraux avaient promis de faire passer la limite de 1 million à 1,25 million de dollars. Cela aurait signifié un allégement considérable de la mise de fonds pour nombre d’acheteurs.